Dans tous les pays du monde, certains signes vous permettront d'identifier rapidement le territoire sur lequel vous êtes. Lors d'une récente visite à Cuba, après avoir tant observé le mode de vie de ce peuple,leurs histoires racontées aux portes de la légende, voyant comme j'étais émerveillé, mon conteur m'a sifflé : << es Cuba, el pais >>.
D'un coup, je me suis mis à réfléchir sur les nombreux signes qui pourraient m'inciter à dire que c'est Haïti. A part parler de la citadelle et quelques rares autres symboles, Haïti culmine depuis quelques temps toutes les appellations péjoratives ; pays de l'ironie pratique, pays de l'instabilité chronique, narco-Etat etc. certains signes les moins flatteurs rappellent à plus d'un que c'est << Ayiti ou ye boss >>. Quand après plus d'une trentaine de minutes d'attente et qu'enfin arrive une camionnette pour au moins une centaine de passager et que tout le monde se précipite pour monter comme si leur vie en dépendait, sans aucun respect pour les personnes âgées et pour les personnes à mobilité réduites, on se rappelle bien qu'on est Haïti. Quand par chance ou par rapidité ou simplement par animosité on arrive à attraper le prochain tap-tap avec une radio qui diffuse que des musiques que de chastes oreilles n'avaient pas besoin d'entendre et que bizarrement les écoliers les connaissent par cœur et les chantent avec un tel amour, comme si ca leur faisait honneur, on se rappelle bien que l'on est en Haïti. Quand les lieux de prière deviennent des lieux de rencontre et que vous voyez certaines gens porter leurs chargeurs d téléphones au lieu d'une bible, on se rappelle bien qu'on est Haïti. Quand le secteur protestant, soit disant, réserve de la nation, orchestre des coups de bas au sein même de leurs camps, font du théâtre et se tait quand le pays a le plus besoin de bonnes prières et de bons modèles, on se dit bien, on est où la ? On est en Haïti. Quand le service à la clientèle est une notion vague pour la majorité des institutions et que vous avez l'impression que la personne qui est là pour vous servir aimerait être partout, sauf à votre service, on se dit ; oui, c'est notre Haïti chérie Quand certains étudiants s'identifient comme des vrais défendeurs de l'UEH, manifestent pour tout, sauf pour exiger de meilleures conditions d'apprentissage, il y a lieu de se demander où on est, la réponse est malheureusement en Haïti. Quand les politiciens se transforment en ‘'conozco todo'' et débattent pour ne rien dire, prétextant chacun qu'ils sont les seuls à posséder le secret pour sortir le pays du Chaos et qu'en réalité, ils ne font que l'y enfoncer. On se dit bien qu'on est en Haïti. Quand vous arrivez à l'hôpital et que vous ne trouvez aucun médecin pour prendre soin de vous et si par chance vous êtes encore en vie, quand le médecin sera enfin là, vous ne serez même pas surpris de voir que l'argent a beaucoup de valeur que votre vie, simplement parce que vous êtes en Haïti. Quand un G8 uni et solidaire pour exiger le départ du président de la république et du CEP et demande à la fois une commission de vérification, en même temps chaque groupuscule dans leurs manifestations brandit les affiches de leurs candidats respectif et que le patriotisme devient un mot comme tous les autres, on se dit, oui, c'est Haïti. Quand malheureusement un accident de l'histoire donne un président qui n'est pas à sa place et qui crache tout ce qu'il y a de plus trivial à qui il veut et quand on lui questionne sur les dossiers épineux de l'Etat et pour répondre il martèle : lèw prezidan wa konprann, on se dit wow, quel sacré pays. Quand derrière votre volant de votre belle voiture, vous commencez à admirer un petit coin qui reflète une certaine beauté qui sera sou peu interrompue par une pile d'immondice ou par un cochon seul ou avec sa bande en promenade, on se dit bien que l'on est en Haïti. Quand vous racontez une histoire que plus de 70% de la population ne peut pas raconté qui est celle que vous ayez trouvé un travail et qu'à la fin du mois vous êtes revenu de la banque vivant, on se dit bien que c'est bel et bien Haïti. Quand des organismes de défense des droits humains se prennent la place des partis politiques et de la société civile, organisent une manifestation qui est le nouveau sport national pour réclamer le respect des votes exprimés dans les urnes le 25 octobre dernier, pendant que l'insécurité bat son plein et que des jeunes espoirs du pays meurent chaque jour et ces mêmes organismes ne pipent mot, comme si le droit de vote était plus important que le droit à la vie, on se dit bien que l'on est en Haïti. Nombreux sont les cas ou les signes qui nous permettent de dire que l'on est malheureusement en Haïti. Je n'ai pas non plus la prétention que quelque chose va changer après la lecture de ce texte, parce que je sais pertinemment que c'est AYiti ou ye wi boss.
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AuteursJethro Joseph SEREME Archives
March 2018
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