Si la musique est l’art de combiner sons et silences d’une manière agréable à l’oreille, alors on peut se demander si certains des artistes Haïtiens ne sont pas insensibles à la douceur des sons ou l’importance des silences. Ou encore, ont-ils pris le temps de laisser à un ami le soin d’écouter leur morceau avant de le mettre en circulation. Il y a bien sûr des amis qui, au lieu de vous donner des conseils, s’amuseront à vous faire croire que vous allez ‘faire un malheur’ avec un tel morceau. C’est le ‘son de la rue’, et vous voilà, fièrement, dans toutes les stations de radio et de télévision pour faire la promotion de votre bijou. Quel malheur pour nos pauvres tympans. Les médias en Haiti préfèrent accorder beaucoup plus de temps aux balivernes des politiciens, des choses moins importantes pour la survie de notre société, au lieu de produire des analyses approfondies sur le mode de vie même des citoyens, ce qu’on consomme quotidiennement, la culture que nous vendons à l’étranger. Notre musique se vend-elle réellement à l’international ? Disons-nous que quelques rares groupes arrivent à faire une percée, jouer pour quelques milliers d’Haïtiens expatriés, sur des terres connues. Loin de moi l’idée de vouloir être cynique, à voir même ce qu’on a comme bals avec la plupart de nos ‘Djaz’ pour l'année 2015 nous rend sceptique. Notre production musicale s’embourbe à la même vitesse que notre société et c’était prévisible. Autre fait dérangeant durant l’année 2015, des animateurs connus qualifient ces prestations comme de ‘beaux ‘bals. Mais, tout le monde peut se rendre compte, qu’au prix fort de votre ticket d’accès à la salle du bal, vous aurez aussi à payer le prix fort du retard, parfois de plus de deux heures de ces superstars qui se mettent toujours dans la tête que les fans sont à leur merci et ne déserteront pas l’espace, car ils veulent à tout prix les voir jouer. Disons de préférence qu'on ne veut pas voir gaspiller le montant qu'on a dépensé, en dollars ''américain'' en plus. On attend indéfiniment que des musiciens se pointent, une fois arrivés, l’artiste vedette du groupe s’amuse à poser en photos pour ses proches, un tchèk tchèk 1, 2 interminable…Ben là, quel plaisir ! Et quand ils commencent enfin à jouer, le public aura droit à quelques morceaux, le blablabla connu, Les salutations dirigées vers les “ban dèyè” et quelques animateurs de radio. Et on sait tous que tout cela n’est pas gratuit. Qu’en est-il de l’espace du bal ? A l’intérieur de l’espace qui accueille le bal, pas de décoration, aucun préparatif, un bar qui n’est pas à la hauteur, des barmen et serveurs débordés. Seuls les ‘gwo nèg” ou les ‘gwo bibit’ font la loi pour se procurer une bière, Sans parler de leurs prix exorbitants, comme quoi le propriétaire veut devenir riche en une seule soirée. La musique n’est pas trop au rendez vous, comme si les musiciens n’avaient pas trop bien répété la prestation. En tout cas, il n y aura pas de chaises pour s’assoir au cas où vous seriez fatigués. Dès les premières notes du chanteur vedette, on aura droit à ces fameux ''levez les mains, wooooo!! Ironie du sort, le lendemain, comme à leurs habitudes, les animateurs de radio diront que c’était excellent, le djaz en question avait bien vendu le produit, djaz la te move. Ne riez pas, ce n’est pas une blague, si vous vous rappelez bien, lors des salutations du chanteur vedette, n’avait-il pas citer le nom de cet animateur là ? Je sais que certains ne partageront pas mon avis et ils me diront suremen que j'ai le droit de ne pas trouver telle musique ou telle prestation jolie ou a mon gout et que la beauté est relative, mais je répondrai comme Emmanuel Kant, que la beauté n'est-elle pas ce qui plait universellement et sans concept ?
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Dans tous les pays du monde, certains signes vous permettront d'identifier rapidement le territoire sur lequel vous êtes. Lors d'une récente visite à Cuba, après avoir tant observé le mode de vie de ce peuple,leurs histoires racontées aux portes de la légende, voyant comme j'étais émerveillé, mon conteur m'a sifflé : << es Cuba, el pais >>.
D'un coup, je me suis mis à réfléchir sur les nombreux signes qui pourraient m'inciter à dire que c'est Haïti. A part parler de la citadelle et quelques rares autres symboles, Haïti culmine depuis quelques temps toutes les appellations péjoratives ; pays de l'ironie pratique, pays de l'instabilité chronique, narco-Etat etc. certains signes les moins flatteurs rappellent à plus d'un que c'est << Ayiti ou ye boss >>. Quand après plus d'une trentaine de minutes d'attente et qu'enfin arrive une camionnette pour au moins une centaine de passager et que tout le monde se précipite pour monter comme si leur vie en dépendait, sans aucun respect pour les personnes âgées et pour les personnes à mobilité réduites, on se rappelle bien qu'on est Haïti. Quand par chance ou par rapidité ou simplement par animosité on arrive à attraper le prochain tap-tap avec une radio qui diffuse que des musiques que de chastes oreilles n'avaient pas besoin d'entendre et que bizarrement les écoliers les connaissent par cœur et les chantent avec un tel amour, comme si ca leur faisait honneur, on se rappelle bien que l'on est en Haïti. Quand les lieux de prière deviennent des lieux de rencontre et que vous voyez certaines gens porter leurs chargeurs d téléphones au lieu d'une bible, on se rappelle bien qu'on est Haïti. Quand le secteur protestant, soit disant, réserve de la nation, orchestre des coups de bas au sein même de leurs camps, font du théâtre et se tait quand le pays a le plus besoin de bonnes prières et de bons modèles, on se dit bien, on est où la ? On est en Haïti. Quand le service à la clientèle est une notion vague pour la majorité des institutions et que vous avez l'impression que la personne qui est là pour vous servir aimerait être partout, sauf à votre service, on se dit ; oui, c'est notre Haïti chérie Quand certains étudiants s'identifient comme des vrais défendeurs de l'UEH, manifestent pour tout, sauf pour exiger de meilleures conditions d'apprentissage, il y a lieu de se demander où on est, la réponse est malheureusement en Haïti. Quand les politiciens se transforment en ‘'conozco todo'' et débattent pour ne rien dire, prétextant chacun qu'ils sont les seuls à posséder le secret pour sortir le pays du Chaos et qu'en réalité, ils ne font que l'y enfoncer. On se dit bien qu'on est en Haïti. Quand vous arrivez à l'hôpital et que vous ne trouvez aucun médecin pour prendre soin de vous et si par chance vous êtes encore en vie, quand le médecin sera enfin là, vous ne serez même pas surpris de voir que l'argent a beaucoup de valeur que votre vie, simplement parce que vous êtes en Haïti. Quand un G8 uni et solidaire pour exiger le départ du président de la république et du CEP et demande à la fois une commission de vérification, en même temps chaque groupuscule dans leurs manifestations brandit les affiches de leurs candidats respectif et que le patriotisme devient un mot comme tous les autres, on se dit, oui, c'est Haïti. Quand malheureusement un accident de l'histoire donne un président qui n'est pas à sa place et qui crache tout ce qu'il y a de plus trivial à qui il veut et quand on lui questionne sur les dossiers épineux de l'Etat et pour répondre il martèle : lèw prezidan wa konprann, on se dit wow, quel sacré pays. Quand derrière votre volant de votre belle voiture, vous commencez à admirer un petit coin qui reflète une certaine beauté qui sera sou peu interrompue par une pile d'immondice ou par un cochon seul ou avec sa bande en promenade, on se dit bien que l'on est en Haïti. Quand vous racontez une histoire que plus de 70% de la population ne peut pas raconté qui est celle que vous ayez trouvé un travail et qu'à la fin du mois vous êtes revenu de la banque vivant, on se dit bien que c'est bel et bien Haïti. Quand des organismes de défense des droits humains se prennent la place des partis politiques et de la société civile, organisent une manifestation qui est le nouveau sport national pour réclamer le respect des votes exprimés dans les urnes le 25 octobre dernier, pendant que l'insécurité bat son plein et que des jeunes espoirs du pays meurent chaque jour et ces mêmes organismes ne pipent mot, comme si le droit de vote était plus important que le droit à la vie, on se dit bien que l'on est en Haïti. Nombreux sont les cas ou les signes qui nous permettent de dire que l'on est malheureusement en Haïti. Je n'ai pas non plus la prétention que quelque chose va changer après la lecture de ce texte, parce que je sais pertinemment que c'est AYiti ou ye wi boss. |
AuteursJethro Joseph SEREME Archives
March 2018
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